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A la folire !
29 octobre 2013

Thibaut et l'écrivain de la famille

Thibaut, c’est l’homme qui a dit « on a qu’à aller à Kercabellec »

Et aller à Kercabellec, le 15 août quand il fait beau, et ben c’est pas con… Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Kercabellec, c’est un petit port ostréicole de la petite ville de Mesquer sur la presqu’île de Guérande… loin de la cohue des grandes stations balnéaires, avec la mer, les huîtres et les moules, et le café du port (et ses toilettes qui vous font vous interroger sur votre réel besoin de vous y rendre, du fait de l’inscription « attention au chien » qui trône sur la porte), bien sûr… bref, le cadre idéal pour parler bouquins en terrasse !

C’est l’homme qui dit de belles choses sur les livres

Pour Thibaut, un livre, c’est pas n’importe quoi… tout d’abord, ça n’a pas de prix – c’est d’ailleurs fort de cette conviction que, dans sa jeunesse rebelle qui emmerde le monde, il préférait dérober les livres. Rrrroooo… oui, mais redorons d’emblée l’image du lycéen studieux qu’il était : pour preuve, son travail sur le dossier de lecture portant sur Tartuffe m’avait été donné en exemple par notre professeur de français commune en classe de seconde, pour l’esprit synthétique dont il faisait preuve, même… être rebelle ou kiffer Tartuffe, là est la question !

Thibaut aime les livres en tant qu’objets : leur poids, leur matière… son livre préféré (dont on ne parlera pas), c’est Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, un roman où les livres, on les brûle !

Les livres, selon lui, on ne doit pas les écrire pour plaire, mais pour emmerder le monde ou faire rêver.

Par conséquent, le choix d’un livre n’est pas anodin ; si on ouvre un bouquin, c’est qu’on a un lien avec lui : par sa couverture, l’histoire qu’il raconte, les conseils reçus de quelqu’un…

C’est l’homme qui a choisi de rendre hommage à son grand-tonton

thibaut-une-etoile-a-l-aube

Et bien justement, pour faire son choix de bouquin, Thibaut a opté pour les liens du sang : Une étoile à l’aube, livre écrit par l’oncle de sa mère, qui a un nom fait de plein de prénoms : Michel J.F. Vincent. Le livre du tonton se mérite : publié à compte d’auteur, vous ne le trouverez que si vous le cherchez (référence ISBN : 978-2-7466-4102-0).

Le tonton avait déjà frappé une fois, en publiant Rivages lointains, un recueil de poèmes. Ici, il revient avec un roman de 400 pages. Le pitch ? C’est l’histoire d’une famille de l’Algérie française, pendant la Seconde Guerre mondiale. On y suit le destin du fils, jeune homme brillant à qui tout réussit : les études, les prouesses physiques, la rencontre du grand amour grâce à une infirmière… On y retrouve des valeurs : celles de la constance, du courage et de l’engagement pour une cause à laquelle on croit, de la religion… et au centre, la famille, comme lieu des rapports humains les plus beaux.

Ce que Thibaut salue dans le livre, c’est le travail de documentation pointu auquel s’est adonné son oncle, la prise de conscience qu’il permet des vies brisées par la guerre, mais aussi le style… un coup de cœur ému pour l’œuvre d’un homme de plus de 70 ans, qui possède le certificat d’études pour seul diplôme…

Quant au titre… cette étoile à l’aube, c’est celle que les deux amoureux du roman, séparés par les évènements, se sont promis de regarder ; mais en bon littéraire qui se respecte, Thibaut y voit aussi bien d’autres choses : les étoiles du drapeau américain, symbole de liberté et d’espérance, le fait qu’un homme ne soit qu’une petite étoile dans les conflits mondiaux qui l’entourent… et le poète qui sommeille en lui y perçoit aussi la métaphore du livre, comme pierre au grand édifice de la littérature, comme petite étoile dans la voûte céleste…

Et Thibaut, c’est aussi…

le fils de la nièce de Michel J.F. qui a écrit un « bon et chouette livre » ;

mais également un français qui vit à Berlin, ce qui lui permet de lire dans des transports en commun dont le confort ferait pâlir le moins exténué des parisiens ;

un grand garçon dont le premier souvenir de lecture est Oui-Oui et le chien qui saute ;

un mec qui fait des trucs trop cools avec ses bouquins, en écrivant par exemple dedans la période à laquelle il lit le roman et son état d’âme du moment (genre un journal intime disséminé aux 4 coins de sa bibliothèque, même que si un jour il devient célèbre, les gens s’arracheront chacun de ses livres à prix d’or pour goûter une petite parcelle de son existence) ;

un type qui aime lire de temps en temps de bons gros classiques français parce que « ça fait du bien », qui trouve la littérature allemande ardue, aime les polars américains, les livres qui vous disent autre chose que ce que tout le monde pense et qui a toujours un Atlas sous le coude (formation de géographe oblige) ;

c’était aussi le lycéen qui a bien aimé étudier La bête humaine d’Emile Zola et qui m’a fait découvrir L’écume des jours, au cours d’une conversation hautement philosophique du style « au lieu de dire des conneries, tu ferais mieux de lire L’écume des jours, c’est trop beau », paroles pour lesquelles je lui dois une éternelle reconnaissance…

et sans doute bien d’autres choses encore…

Thibaut L., un lecteur qui bouquine ici ou ailleurs, sous la voûte céleste

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