Un Jean-Philippe peut en cacher un autre

Comme ça, spontanément, on ne s’imagine pas…

que Jean-Philippe soit un lecteur si assidu…

Pourquoi, il a l’air con demanderiez-vous ? Mais non, mon Dieu non !!! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Il y a un mois de ça encore, Jean-Philippe était mon directeur – et il est communément admis que nos supérieurs hiérarchiques sont dotés d’une intelligence elle aussi supérieure qui justifie leur accès aux postes les plus hauts gradés… bah si.

Non, c’est pas ça ; c’est qu’il est trop musclé. Parce que voilà, pour décompresser de ses longues journées de travail, il court, nage, fait du vélo (oui, du triathlon, c’est ça)… Et parfois, pour s’occuper pendant les week-ends d’hiver, il s’inscrit à des courses de ouf et s’en va braver le froid, la pluie et la boue, là-bas, dans les montagnes, histoire de voir jusqu’où il peut pousser le bouchon… alors l’imaginer assis dans un canapé, un livre à la main, bah c’est pas ce qui nous vient à l’esprit en premier.

Bon, c’est vrai que j’avais déjà entendu Jean-Philippe parler bouquins au cours des pauses déjeuner au boulot. Mais cet indice n’était pas suffisant pour en tirer une conclusion hâtive ; en effet, Jean-Philippe s’intègre aisément dans toutes les conversations animées par la gente féminine qui l’entoure, même sur les sujets les plus improbables, des problématiques de repassage aux questions cruciales de l’épilation…

Et pourtant, si… les preuves

Quand il est en vacances, Jean-Philippe aime bouquiner pendant des heures et peut avaler 2 à 3 livres en une semaine…

Il regarde parfois l’émission La grande librairie sur France 5 ou écoute les émissions de François Busnel sur France Inter et se fait des petites listes de bouquins qui l’intéressent.

Il coche parfois dans le catalogue France Loisirs les livres qu’il aimerait acheter – même si en général, sa femme le grille et achète ce qui lui plaît.

Le soir, quand il est à fond dedans, il peut lire jusqu’à des heures avancées en dehors de toute raison (le lendemain, le retour au milieu des jacquetages n’en sera que plus douloureux).

Bien sûr, sa nature sportive influence ses habitudes de lecteur : à l’image des plans d’entraînement qu’il suit à la lettre, il lit en intégralité les passages même très chiants, parce que quand on est sportif, on ne lâche pas. Et comme un plan d’entraînement, ça se prend dans l’ordre, il ne lit jamais la dernière page d’un bouquin pour connaître la fin avant l’heure.

D’ailleurs, le sport est pour quelque chose dans sa découverte du bouquin dont il a décidé de parler...

De la course à l’histoire, il n’y a qu’un pas

La CCC, ça vous parle ? Ça veut dire « Courmayeur Champex Chamonix » - en gros, c’est une course de montagne avec beaucoup de kilomètres, qui dure très longtemps et doit être très fatigante. Jean-Philippe s’y était inscrit cette année et avait fini son bouquin dans le train pour s’y rendre. Aussi, arrivé chez ses parents qui l’hébergeaient pour l’occasion, il a farfouillé dans la bibliothèque et est tombé sur Le lys et la pourpre de Robert Merle – un roman historique de la saga Fortune de France.

De quoi ça cause ? Le roman se déroule au XVII^e siècle, sous le règne de Louis XIII. Le comte d’Orbieu y relate les missions diverses et variées que lui confie le roi. Et au-delà des aventures du monsieur, on découvre la vie dans le Royaume de France de l’époque de Richelieu, les intrigues de cour pour tuer le cardinal, usurper le trône et d’autres trucs qui rigolent pas...

Jean-Philippe a bien aimé le roman, d’une part, parce qu’il s’y passe des trucs, sans qu’il y ait non plus un suspens qui vous fait ne plus le lâcher : en gros, on peut faire une petite pause et y revenir sans être perdu. Et Jean-Philippe sait gré à Robert de cette petite attention qui lui permet de se coucher plus tôt.

Ce qu’il a aussi apprécié dans le bouquin, c’est le fait d’apprendre des choses sur l’histoire de France, mais aussi de confronter les questions du Royaume de France aux problématiques de la vie quotidienne du narrateur. Celui-ci fait parfois des digressions en s’adressant à un lecteur et à une lectrice et donne ainsi au livre une petite touche d’originalité.

Et si vous vous dites : l’histoire, c’est gavant, j’y connais rien, Jean-Philippe se veut rassurant : pour peu que vous soyez une quiche en histoire, vous y capterez tout de même quelque chose, puisque l’auteur prend soin de bien expliquer les choses.

Les autres lectures de Jean-Philippe

Globalement, Jean-Philippe est pas chiant : pour choisir ses lectures, il pioche dans ce qui se trouve chez lui ou ailleurs et parvient toujours à trouver son bonheur. Il aime les livres dans lesquels il y a de l’action et apprécie particulièrement les policiers (Grisham, Coben, les Millénium…) et les romans de Dan Brown.

Il aime bien aussi la science-fiction, la médiéval-fantasy dont sa fille est une grande fan, Le seigneur des anneaux, Les rois maudits… Il doit à Bernard Weber l’une de ses formules visant à convaincre ses collaborateurs des bienfaits du travail en équipe : « 1 + 1 = 3 » - c’est sûr, en réunion du lundi matin, ça mérite une petite explication de texte !

Ce sont les livres qui ont fait naître en lui son intérêt pour le Québec (Bernard Clavel et aussi Langelot, héros de la Bibliothèque verte), où il a ensuite passé quelques années.

Et puis Jean-Philippe, il aime bien se marrer un peu ; dans ce registre, il a aimé La fée carabine de Pennac et surtout Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Et il a retrouvé avec joie dans la bd Troy quelques jeux de mots un peu foireux - pratique pour laquelle il a su développer un talent particulier, laissant son entourage parfois perplexe…

(Et même, des fois, quand c’est triste, et bah il a envie de pleurer – mais chut, respectons la pudeur du directeur !)

Jean-Philippe J., un trailer lecteur directeur