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A la folire !
10 septembre 2023

Novembre : Savoureuses engueulades en famille ! Dessous les roses, Olivier Adam

olivier-adam_dessous-les-roses_1Je l’avais vu me faire de l’œil dans la vitrine de la librairie en face de chez moi et je m’étais réjouie de la sortie de ce nouveau roman d’Olivier Adam – quoiqu’un peu perplexe devant la coupe de cheveux impeccable affichée par l’auteur sur le bandeau qui ornait le livre (et qui lui donnait de faux airs de porte-parole de chez Renaissance). Regarder son intervention dans la Grande Librairie avait confirmé mon envie de le lire.

C’est ce livre, Dessous les roses, que m’a offert Lulu pour le mois de novembre, au cours d’un resto entre filles fin octobre, en me disant : « C’est pour novembre, mais ouvre-le quand même ! ».

 

Une fratrie et un enterrement

Parfait timing en ces jours précédant la Toussaint, car le livre parle d’un enterrement ! On y rencontre en effet Claire, la sœur aînée, Paul le cadet et Antoine, le plus jeune, à la veille de l’enterrement de leur père. Alors que Claire et Antoine se demandent si Paul les honorera de leur présence, celui-ci surgit sans prévenir dans la pièce. Paul est en effet plus ou moins brouillé avec sa famille : écorché vif, il se considère comme le mal-aimé. Cinéaste et dramaturge, il ne cesse de mettre en scène sa famille dans ses œuvres, ce qui insupporte son jeune frère. Selon Antoine, Paul déforme la réalité et dépeint une enfance beaucoup plus sombre qu’elle ne l’a été, de son point de vue.

Il y a donc de l’ambiance dans la famille, car le moindre mot de Paul agit comme une étincelle sur son petit frère. Enfermé dans sa rancœur, aigri car déçu de ce frère qui lui a tourné le dos et qui le snobe, Antoine ne cesse de péter des câbles et est sans doute le plus malheureux de tous.

Claire, quant à elle, essaie de tempérer les choses mais ne peut endiguer ces engueulades, indécrottables par trop de passif. En marge de tout ça, leur mère, elle, fait ce qu’elle peut.

Les chapitres – ou plutôt les scènes, ainsi dénommées dans le livre – donnent alternativement la parole à Claire et Antoine ; Paul ne prend la parole que dans la dernière partie du livre.

La question centrale demeure de savoir si, oui ou non, Paul est un réel connard, ou si son petit frère se laisse aveugler par sa jalousie et sa rancœur.

 

olivier-adam_dessous-les-roses_2La vie, en vrai

Lire un roman d’Olivier Adam, pour moi, c’est un peu comme enfiler de vieux chaussons confortables. On y est en terrain familier, comme à la maison. On n’est pas en présence de personnages lisses, gentils et parfaits, bien au contraire, mais avec de vrais gens ! Et du coup, on se sent moins seuls : le roman devient le miroir de nos petites laideurs ordinaires… J’adore ses personnages de râleurs de mauvaise foi, que j’imagine toujours avec sa tête (ici, c’est tombé sur Paul, même si ce n’est pas celui qui grogne le plus).

Le dernier en date que j’avais lu – Des vents contraires – m’avait toutefois foutrement déprimé (mais la chute est plutôt rude, et je l’ai lu en janvier 2021, au moment du Blue Monday, du décès de Jean-Pierre Bacri, d’une météo pluvieuse et d’un énième pseudo-confinement qui nous donnait juste le droit de sortir pour aller bosser tout en restant enfermés le week-end).

Cette fois, certes il est question d’enterrement et de saccage en famille, mais le roman n’en est pas pour autant déprimant. L’outrance de leurs engueulades en devient même presque drôle. Il faut dire que le jeune Antoine n’y va pas avec le dos de la cuillère – petit morceau choisi :

« Eh bien toi […] tu fais partie de ces gens qui finissent par se définir par leurs défauts. Tu sais, du genre qui te sortent tout fiers : moi je suis comme ça, je suis cash. Qui s’enorgueillissent de toujours dire ce qu’ils pensent, quelles qu’en soient les conséquences. Alors que ça fait juste d’eux des connards insensibles. Des gros égoïstes qui ne tiennent jamais aucun compte des sentiments des autres. » Voilà, c’est dit.

Dans la même veine, j’ai beaucoup aimé le moment où Antoine colle un pain à son frère à l’enterrement, à cause d’une chanson qu’il pense que Paul a imposée – avant que sa mère ne lui dise que c’est son père lui-même qui l’a choisie.

J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Claire et sa façon de dire ce qu’elle pense, tout en affirmant que peut-être, elle se trompe. Elle reste toujours juste et mesurée, sans être gnangnan pour autant.

Le roman pose ainsi la question de la famille et des souvenirs : on peut en effet avoir partagé les mêmes lieux, avoir été élevés par les mêmes parents et avoir vécu les mêmes moments, l’histoire qu’on en extirpe n’est pas forcément similaire…

De même, le roman rappelle le caractère injuste des affinités : malgré les crasses de Paul envers sa famille et le fait qu’Antoine remplisse pleinement ses devoirs de fils, Paul semble rester le favori, celui à qui on excuse tout. Et c’est vrai que ça énerve, ça, non ?

Enfin, leurs charmantes joutes verbales rappellent les conflits dans lesquels on se retrouve parfois englués, sans pouvoir s’en extraire, parce que le moindre geste, la moindre parole de l’autre semble appuyer sur le bouton qui nous fait voir rouge, quelles que soient les bonnes résolutions qu’on venait de prendre pour rester calme.

 

Second round à Montaigu

Quelques semaines après avoir lu le roman, je me suis rendue au Printemps du livre de Montaigu avec mes collègues Céline et Emilie. Ce déplacement m’a valu le désagrément d’avoir en boucle dans la tête les premiers « vers » de la célébrissime chanson « la digue du cul » (ne connaissant que le début, je viens de regarder la suite des paroles – et mon dieu, c’est moche !). Malgré tout, je n’ai pas regretté le déplacement.

En effet, Olivier Adam était quasi le seul auteur que je connaissais de l’événement. J’ai pu faire ma groupie pour obtenir une dédicace de mon livre. Alors que j’aurais voulu lui dire que c’était incroyable, parce qu’on avait EXACTEMENT les mêmes goûts musicaux (ce que j’ai découvert en lisant Chanson de la ville silencieuse, que j’ai adoré), et que c’était pas rien, parce que les gens me disent souvent : « mais toi, tes goûts, franchement… », j’ai préféré la fermer, de peur de ne pouvoir aligner 3 mots. J’avais déjà réussi à lui dire mon prénom sans bégayer, ce qui était une petite victoire en soi…

Puis en fin de journée, nous avons assisté à une lecture du roman – qui devait être musicale mais ne le fut pas du fait de l’absence des musiciens (à cause d’une grève liée à une sombre histoire de réforme des retraites)… En montant sur scène sous les applaudissements du public, Olivier Adam, qui avait retrouvé une coiffure digne de ce nom, nous a dit de ne pas nous emballer (et là je me suis dit : dans la vraie vie, ce mec est drôle !). J’ai pu me replonger dans le salon familial et savourer à nouveau ces engueulades bien senties, me réjouissant d’avoir déjà lu le bouquin (car c’était un spoil complet).

La grosse flotte qui s’est abattue sur nos épaules à la sortie de sa prestation m’a semblé bien légère, avant de reprendre la route, cette fois de Montaigu à Nantes…

 

Petite nouvelle réjouissante de la rentrée : le livre vient de sortir en poche, avec une jolie couverture, de surcroît !

Un nouveau grand merci à Lulu2 (merci Lulululu) !

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