Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A la folire !
2 mai 2020

Juste la fin d'un monde ?

Cyril Dion ? Mais si, vous le connaissez ! Il a la voix douce, le cheveu qui ressemble à un buisson épineux et sauvage, le discours pédagogique qui vous donne l’impression d’être intelligent… Il a co-réalisé le film Demain avec Mélanie Laurent, participé à la fondation du mouvement Colibris avec Pierre Rabhi, écrit un roman et des poèmes… et sans doute fait plein d’autres choses…

Il vous susurre des paroles d’espoir sur toutes les ondes de radio. Bref, Cyril Dion est l’antidote à l’éco-dépression.

Et il vous explique tout ça en toute humilité dans son Petit manuel de résistance contemporaine.

 

Je lis rarement autre chose que des fictions, parce que lire des documentaires, ça me demande des efforts. Et probablement ai-je au fond de moi une feignasse qui veut qu’on la laisse roupiller…

Mais comme là c’était Cyril Dion et que j’avais envie de comprendre un peu la vie, je me suis lancée. C’était en août de l’année dernière. En même temps, je regardais la topissime série Years and years qui nous promet un avenir tellement déprimant et tellement réaliste… Un petit remontant n’était pas de refus.

 

Couverture du Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion

Au départ, ça décape.

Certains pourraient dire que la première partie donne envie de se flinguer – mais quand même moins que Ravage car on ne sait pas encore vers quelle(s) catastrophe(s) on va, même si on y va.

Cyril Dion fait en effet un petit tour d’horizon de l’état de la planète, histoire de bien nous remettre les idées en place. Il nous laisser entrevoir la perspective que ce qui va se passer sera sans doute un peu pire que ce qu’on a voulu croire jusqu’à maintenant.

Et encore, le livre date de 2018 : il l’a écrit dans un monde d’avant la démission de Nicolas Hulot, d’avant Gilets jaunes, incendies en Amazonie et en Australie, et d’avant Covid-19…

 

Ah bon, c’était pas obligé ?

Ce qui est bien dans ce bouquin, c’est que Cyril Dion il a lu plein de trucs compliqués, et qu’il nous mâche le boulot en nous en faisant une petite synthèse bien digeste. Rien que pour ça, on peut le remercier, mais pas que…

Parce que du haut de sa grande lucidité, il nous invite à lever un peu la tête du guidon. Et si ce qu’on prenait depuis toujours pour la seule manière de vivre n’était en fait qu’une seule option parmi un champ des possibles beaucoup plus vaste ?

Dans notre système, on croit que pour vivre, on n’a pas d’autre choix que de gagner de l’argent. C’est en effet ce qu’on nous inculque à l’école dès notre plus jeune âge et qu’on continue d’inculquer aujourd’hui (ups… il est bien possible que j’use encore régulièrement de cet argument pour tenter de convaincre un élève mou du genou).

On croit que se ruer vers nos écrans dès la journée de boulot terminée nous a fait gagner en confort.

Et on est convaincu d’avoir atteint l’âge d’or des libertés en vivant dans une démocratie, dont il n’hésite pas à interroger les rouages.

Alors oui, on pourrait se dire que c’est la faute au système, mais Cyril Dion ne jette la pierre à personne et nous démontre que nous sommes nous aussi les petits ouvriers de cette course perpétuelle à la croissance. Il nous met « le nez dans le caca », comme dirait l’autre :

« Réfléchissez à toutes les personnes qui ont fait une véritable différence dans votre vie ou dans l’histoire de l’humanité. […] Aucune d’entre elles ne passait sa journée à se dire : « Il faut bien travailler, donc allons-y mollo, et ce soir je vais me faire un bon plateau télé en jouant à Candy Crush. » Ben c’est pas faux, non ?

Voilà, c’est dit, la société de croissance économique infinie dans laquelle on vit n’est pas le seul chemin. Et une autre voix de la sagesse me revient à l’oreille : celle de ma grand-mère qui, quand on lui offrait un truc, nous engueulait en disant : « mais fallait paaaas, j’ai pas besoin de riiiien ! ».

 

Et après ?

Ben oui parce qu’il s’arrête pas là. Il nous brosse ensuite un petit panorama des théories de ceux qui proposent autre chose : une autre histoire à laquelle adhérer, pour se réinventer. La bonne nouvelle, c’est qu’il y en a plusieurs. La mauvaise c’est que je serais bien incapable de vous les retranscrire – mais vous savez maintenant où les trouver.

Et tout ça dans la douceur : pour lui (si j’ai bien compris), l’avenir passera par la réconciliation avec le vivant dont nous faisons partie, et par la coopération entre citoyens, élus et entrepreneurs (en gros, dire c’est pas moi c’est lui ça ne fait avancer à rien, alors faites l’amour, pas la guerre !).

 

L’intelligence faite homme

Bah oui, on ne peut que le reconnaître. Argumentation en 3 points :

- tout d’abord, et sans revenir sur sa capacité à ingurgiter des chiffres et autres trucs compliqués, il a le don de nous faire entrevoir la lumière au bout du tunnel, sans bla-bla ou promesses hasardeuses ni recettes toutes faites ;

- il ne nous invite pas à nous plaindre en bouffant des curly devant la télé, en gueulant sur Macron et ses potes, mais nous incite plutôt à nous sortir les doigts (du paquet de curly) ;

- et il est l’illustration même de la mise en pratique de l’intelligence collective, dont j’ai beaucoup entendu parler il fut un temps sans vraiment en voir la démonstration. En effet, il ne se contente pas de parler mais il agit – notamment en se faisant le garant de la Convention citoyenne pour le climat, qui rassemble 150 personnes tirées au sort et représentatives de la société française. Le but de l’opération : faire des propositions concrètes à Monsieur le Président himself pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, le tout dans un esprit de justice sociale… des enjeux non négligeables à l’heure où la France est sur les starting-blocks de la relance !

 

Alors voilà, « Make the planet great again ! », certains l’ont dit, d’autres font leur possible pour le faire… Un grand merci pour tout ça ;)

En savoir un peu plus sur la Convention citoyenne pour le climat à l'aube de la relance : par ici, sur France Inter !

Prochaine lecture sur le sujet : Vers la sobriété heureuse, de Pierre Rabhi

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
A la folire !
Archives
Publicité