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A la folire !
26 février 2015

Lait et père Noël, même combat

… ou presque, parce que le père Noël n’existe pas, et les produits laitiers ne sont pas nos amis pour la vie. Sauf que nos parents, ils le savent que le père Noël n’existe pas, alors ils finissent par nous le dire un jour ; tandis que pour les produits laitiers, ils y croient eux-mêmes du fait que le mensonge vient de bien plus haut…

C’est ce que s’efforce de nous démontrer Thierry Souccar dans son livre Lait, mensonges et propagande, que mon médecin m’a fortement incitée à lire via un petit post-it collé sur une ordonnance. Comme je suis une fille consciencieuse, j’ai suivi la consigne !

 

C’est quoi cette bouteille de lait ?

Il faut dire qu’en termes marketing, ils sont forts dans le lait. Qui ne se souvient pas de ce slogan et de bien d’autres encore, qui ont bercé notre enfance ?

Et puis la Laitière, elle a l’air si sympa… et Perette, elle semble si épanouie ; et les petits bonshommes blancs qui défient le loup, ils sont si attachants. Quant à Bonne maman et sa nappe rouge et blanche à carreaux, dire que j’avais envie d’acheter la même !

Tout ça n’a rien à voir avec Grand-mère qui sait faire un bon café ; celui-là, une fois qu’on l’a goûté, on sait que c’est faux ; mais les bons yaourts bien crémeux après une grosse journée de travail, ils sont tellement bons.

Et pourtant, la blancheur du lait, c’est comme celle de la robe de mariée : elle est finalement pas si innocente qu’elle en a l’air !

 

On nous aurait menti ?

Rendons-nous à l’évidence : nous sommes tous des Richard Virenque, victimes du mensonge organisé à l’insu de notre plein gré… Mais Thierry Souccar et son livre sont là pour nous le décrypter.

L’auteur démonte ainsi un à un les arguments avancés par l’industrie laitière, qui joue sur les petits consommateurs crédules que nous sommes.

Vient tout d’abord la question de l’ostéoporose. L’industrie laitière clame que consommer du lait - donc du calcium - fortifie les os et réduit les risques d’ostéoporose, donc de fractures à un âge avancé. Et bien Thierry Souccar nous démontre que non seulement c’est même pas vrai, mais que la consommation de produits laitiers favoriserait même l’ostéoporose (les régions du monde où la consommation de produits laitiers est la plus élevée sont aussi celles où le taux de fracture est le plus important).

Il rappelle bien entendu la problématique de la digestion du lactose, sucre du lait que seulement 59 % des adultes français seraient en mesure de digérer. Les symptômes pouvant être très diffus et le lactose étant partout (et pas seulement dans les produits laitiers), le lien entre les deux est parfois difficile à établir.

Le lait, un faux ami ?

 

Par ailleurs, le lait de vache servant à faire accéder le petit veau à sa taille adulte, il est fort en agents de croissance (les IGF-1). Et comme nous ne sommes pas des veaux destinés à devenir bœufs ou taureaux, ça n’a pas l’air top pour nous. Plusieurs études tendent à incriminer la consommation de produits laitiers comme facteur de risque accru de cancer de la prostate, mais aussi du testicule, du sein et de l’ovaire.

La consommation de produits laitiers entraînerait de plus un taux bas de vitamine D, que Thierry Souccar qualifie d’anticancéreuse.

Enfin, de forts soupçons pèseraient aussi sur le lait comme facteur de développement du diabète de type 1 ou de la sclérose-en-plaques. 

Oui mais nos grands-mères, pour en revenir à elles… Et ben justement, c’est plus pareil. Le lait qu’elles buvaient ne venait pas des mêmes vaches ; les leurs n’avaient pas fait l’objet d’une opération « productivité » comme celles d‘aujourd’hui ; elles étaient de vrais animaux, quand les nôtres sont devenues des usines sur pattes.

Bref, on en a tout de suite moins une énorme envie, non ?

 

Rabat-joie ? Même pas !

Thierry Souccar ne cherche pas à nous plomber le moral. Ce qu’il veut, c’est démontrer que les directives officielles qui nous incitent à consommer 3 à 4 laitages par jour sont une aberration. La cause de tout ça ? Le lobby de l’industrie laitière. Les études sur lesquelles elle s’appuie pour avancer ses arguments sont surtout un vernis bien joli pour nous faire avaler la pilule.

D’ailleurs, il est clair sur la question « Oui au plaisir, mais non au diktat »(1). Pour lui, qui n’aime pas le lait ne mettra pas sa santé en danger s’il n’en consomme pas ; et qui aime ça peut en consommer, mais dans la limite d’1 à 2 portions par jour… Ouf, nos têtes-à-têtes intenses avec les semoules à la vanille de chez Bonne maman, les yaourts au chocolat noir de la Laitière ou les crèmes aux spéculoos de chez Rians ont encore de beaux jours devant eux !

Et Thierry Souccar ne nous lâche pas non plus la main devant notre assiette emplie de points d’interrogation. C’est vrai qu’avec tout ça, on aurait l’impression que savoir quoi manger nécessite un bac + 18 et on serait tenté de se tourner vers Mac’Do qui nous appelle de son « M » plein d’amour. Mais Thierry Souccar nous a dessiné une pyramide à la fin du livre, qui nous dit ce qu’il est bon de manger ou pas, et en quelle quantité. Merci Thierry !

 

Une digestion plutôt facile

Malgré toutes les études présentées et comparées, le livre est tout à fait digeste. Le style est fluide et Thierry Souccar est un bon vulgarisateur. La preuve, je n’ai pas assisté à un cours de sciences depuis une bonne quinzaine d’années, et j’ai réussi à comprendre la grande majorité des phrases sans ressentir le besoin de les relire une 2e fois.

On peut supposer que le débat sur la question a été houleux et que le monsieur est un passionné de la question ; on lui pardonnera donc de s’auto-citer à pas mal de reprises et d’en oublier de s’adresser parfois à la gente féminine qu’il désigne accidentellement par « nos compagnes »(2) à une reprise – bah alors, faut pas se laisser aller comme ça !

Pou conclure, laissons la parole à un sage de ce temps, cité par l’auteur au début du livre « Tout ce qui est bon selon les parents, ne l’est pas en réalité. Le soleil, le lait, la viande rouge, le collège », dixit Woody Allen.

 

Pour ma part, j’ai encore l’autre moitié de la consigne de mon médecin à appliquer : la lecture de Gluten, comment le blé moderne nous intoxique - mais vu que la pub nous dit que « le Vieux pané, c’est bon comme du bon pain », on se doute que « y’a quequ’chose qui cloche là-dedans » !

Pour ceux que ça intéresse de creuser le sujet, Thierry Souccar a aussi écrit Santé, mensonges et propagande et La meilleure façon de manger.

Et pour un autre éclairage sur la question du lait, Le Monde en a aussi causé il y a peu de temps

(1) p.6, éd. 2008

(2) p.217

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Commentaires
J
tout a fait d'accord !
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