Quand Guillaume rabiboche Laetitia avec la lecture

Il y a ceux qui avalent bouquins sur bouquins, les intermittents qui y vont de temps en temps, et ceux qui s’y mettent exceptionnellement… Laetitia est plutôt de ceux-là. Et pourtant, à la rentrée dernière, je l’ai sentie chaude bouillante pour me parler du livre qu’elle venait de terminer : Demain, de Guillaume Musso ! 

Moi, j’aime pô lire

Laetitia, des fois, elle aime bien faire sa bougonne et se montrer plus grognon qu’elle ne l’est en réalité. Par exemple, quand ses copines se mettent à parler bouquins, la voilà qui la joue boudeuse et leur lance « vous êtes chiantes avec vos bouquins ; on y comprend rien et de toute façon, moi, j’aime pô lire ».

Mais en fait, c’est pas tout à fait vrai. L’expérience de l’été dernier nous le démontre…

Du replongement de Laetitia dans les bouquins

Entre les mois de juillet et septembre 2014, plusieurs éléments perturbateurs ont poussé la jeune Laetitia à sortir de son « j’aime pô lire ».

Le premier, non des moindres, s’appelle Céline et lui a offert le bouquin pour son anniversaire, le 14 juillet.

Le second, c’était son mariage le 30 août, qui lui a mis le cœur en joie, les yeux pleins d’étoiles et l’âme toute ouverte à écouter le chant de l’amour.

Le troisième, c’est le voyage de noces qui s’en est suivi début septembre – direction les Seychelles : et là, entre son jeune mari, le soleil et la mer, Guillaume a réussi à s’incruster ! D’ailleurs, il n’était pas le seul ; au cours de sa soirée d’anniversaire, ses amis trentenaires – une génération qui ne respecte plus rien – ont semé petits mots et phrases plus ou moins bien senties au fil des pages du livre, histoire de tenir compagnie à la miss pendant son périple.

La recette gagnante du père Musso

Avec du beurre, des œufs, de la farine et du chocolat, on fait forcément quelque chose de bon. On pourrait croire que Musso s’est inspiré du principe du gâteau au chocolat pour concocter ses romans.

Il a remplacé le sucré et la matière grasse par un homme et une femme (jeunes, mais pas trop, parce qu’il faut qu’ils aient pris quelques baffes qui aient creusé en eux les failles propices à l’intrigue), du suspens, du surnaturel et bien sûr l’Amour avec un grand A (qui n’est pas là tout de suite mais qu’on voit éclore sous nos yeux au même rythme que les protagonistes) – et le tour est joué !

Et ça marche pareil que pour le gâteau : même si on veut se la jouer « nan, j’suis au régime et je bouffe que du bio », on se précipite vite fait dessus dès que les autres ont le dos tourné.

Dans Demain, Musso a mis le paquet : la fille vit en 2010, le mec en 2011. Celui-ci a acheté l’ordinateur de celle-ci à une brocante ; mais la jeune femme y a laissé traîner des photos ; et comme le héros musselien ( ?) a de vraies valeurs, le jeune homme veut les lui rendre. Bien entendu, celui-ci a le cœur brisé par la tragédie qu’il vient de vivre (la perte de sa femme dans un accident de voiture).

Ils échangent bientôt par le net et finissent par se donner rendez-vous. Alors que l’un et l’autre se rendent à l’endroit indiqué, à l’heure convenue ensemble, ils ne se voient pas. Ils vont alors devoir démêler ce sac de nœuds, mettre à jour le côté obscur du mariage du jeune homme avec sa défunte épouse (en fait, elle était méchante !) et vivre des aventures fortement chargées de suspens et d’émotion.

Ce que Laetitia a aimé, c’est cette montée en puissance du suspens qui lui a collé le livre dans les mains : plus possible de le lâcher !

C’est ainsi que la miss fit la rencontre de Guillaume Musso, sans pour autant fragiliser son mariage tout frais… Bien au contraire ! Pendant qu’elle me racontait ses lectures, son cher et tendre acquiesçait à ses remarques et semblait avoir lui aussi partagé le suspens au gré de l’avancée de sa jeune épouse dans sa lecture… Les jeunes mariés, c’est beau, non ?

Laetitia, ou le principe d’efficacité

Petite, Laetitia adorait les bd. Mais aujourd’hui, elle a la vie bien remplie d’une jeune femme moderne : un boulot, 2 enfants à gérer et la fatigue qui résulte de toutes ces occupations. Alors lire ou dormir, il faut choisir.

Du coup, quand elle voit s’entrouvrir une fenêtre de tir pour ses lectures perso, elle ne tergiverse pas :

• dans le choix du livre : Grisham, elle aime et elle connaît, alors c’est lui qu’elle choisit. Ça évite d’être déçue, tant qu’à faire. Et désormais, elle lorgne aussi du côté de Musso ;
• dans l’optimisation du temps passé à la lecture : elle en profite pour parfaire ses compétences de secrétaire médicale, opération amélioration de son orthographe ;
• dans le moment choisi : son petit garçon se fait opérer des amygdales ? Un vaste espace temps s’ouvre à elle pendant les 3 heures qui précèdent son réveil ; c’est ainsi qu’elle engloutit son 2^e Musso !

Ce principe d’efficacité chez elle, il ne date pas d’aujourd’hui ; lorsque l’école lui administrait des lectures forcées, Laetitia savait comment faire son devoir tout en allégeant ses souffrances : elle lisait le 1^er chapitre, un autre au milieu et celui de la fin, le tout pour remplir convenablement ses fiches de lectures.

Ses traumatismes ? L’or de Blaise Cendrars ; ses coups de cœur ? L’idéaliste et Non coupable de John Grisham.

Laetitia C., une jeune femme qui en fait aime bien lire, quand le moment s’y prête.