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A la folire !
18 avril 2020

Les livres pour les mioches

« Nan mais là faut pas déconner, tu vas pas dire que t’as pas le temps d’écrire un ou deux articles »… Voilà ce que je me dis, à chaque début de vacances et surtout l’été… Et chaque jour, pendant la 1ère moitié des vacances, je me répète : « nan mais là je vais le faire, c’est sûr ; pas aujourd’hui, mais je vais le faire. »

Et puis bientôt, les autres points de ma liste eux aussi repoussés (« faire les carreaux », « cirer les chaussures », « aspirer la voiture »…) jouent des coudes et vous expédient cette charmante résolution en un rien… saleté de poussière !

Et aujourd’hui, alors que carreaux, chaussures et bagnoles sont dégueulasses, je me lance !

 

La littérature jeunesse et moi

Avant de devenir prof, il y avait des contrées où je ne venais jamais traîner mes guêtres : la littérature jeunesse en 1ère ligne.

Même les Harry Potter ne m’avaient pas arrêtée en chemin… genre trop blasée la meuf.

Mais voilà, j’ai dû m’y mettre, parce que quand on demande à un gamin de lire un livre, mieux vaut l’avoir lu soi-même avant – sinon certains seraient assez pervers pour vous percer à jour et anéantir à jamais votre crédibilité besogneusement gagnée au prix d’efforts incalculables.

Précisons qu’au fil de ces quelques années, j’ai élaboré une théorie ultra-savante concernant la littérature jeunesse, en identifiant deux catégories de romans :

  • les romans pré-pubères et leur ambiance cucul la praline, où l’on ne galoche pas, mais où les garçons de 12 ans tombent amoureux d’une fille de 12 ans qu’ils ont vu une fois, pour la vie bien entendu…
  • les romans post-pubères, où on galoche avec de la bave et où on s’éclate comme devant un épisode de Dawson ou des Frères Scott – sous réserve que l’on ait réussi à préserver une bonne dose d’immaturité en soi.

Certaines de ces lectures remontant à quelques années et ma mémoire n’étant pas d’une grande vivacité, peut-être ne pourrais-je évoquer qu’un vague souvenir de ces livres… Mais comme mieux vaut tard que jamais !

 

le-livre-sauvageLe livre sauvage, de Juan Villoro

Je pense l’avoir lu pendant l’été 2017 (ou peut-être 2016… je ne suis plus sûre). Je revois la scène : j’étais au parc des Dryades - à La Baule s’il vous plaît - lisant sur une serviette de plage, aux côtés de mon cher et tendre qui s’énervait à cause de ces insectes volants qu’on appelle les mouches et venait donc parasiter ce qui aurait dû être un instant de ressourcement, comme le constitue chaque moment de lecture.

Nous étions à la fin du mois d’août, l’odeur de rentrée imminente qui commençait à planer me faisait déjà regarder le présent avec la nostalgie de ceux qui savent que très rapidement, il faudra oublier tout ça pour retourner à corps perdu dans le tourbillon de la vraie vie !

Le livre sauvage m’a donc ouvert une fenêtre accueillante pour m’inviter dans son petit monde imaginaire aux étagères bondées de livres.

Parce que oui, des livres, il y en a partout dans la maison de l’oncle Tito, chez lequel le héros, Juan, 13 ans (et qui tombe amoureux de Catalina, la seule fille qu’il croise dans son entourage et que ce sera pour la vie), va passer ses vacances d’été. Il découvrira bientôt sa mission : attraper le livre sauvage, un livre aux pages blanches, qui change perpétuellement de place, fuit et ne se laisse saisir que par certains lecteurs.

J’ai adoré me perdre avec le jeune Juan dans les couloirs tortueux et poussiéreux de la maison de l’oncle Tito, au milieu de ces bouquins en tout genre.

En plus, l’auteur dit des trucs vraiment sympas sur les livres – qu’un prof de français armé de gros sabots rêverait de partager avec ses élèves qui n’aiment lire : « Aucun objet n’a autant de personnalité qu’un livre. Une bibliothèque est un endroit où reposent des milliers d’âmes […]. »

Alors voilà, c’est dit : non, la littérature n’est pas morte – car la littérature, c’est la vie (si, si).

 

tobie-lolness

Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle

2e roman pré-pubère, que j’ai également lu un été (2018), alors que je cherchais un titre pour réjouir les soirées de mes futurs collégiens. Une nouvelle scène me vient à l’esprit : avec mon cher et tendre, nous avons posé nos vélos dans l’herbe, et nous déjeunons au bord du canal de la Martinière. Nous prenons le temps de nous offrir un petit moment de lecture avant de remonter en selle (exercice qui me vaudra 4 jours de courbatures). Cette fois, pas de mouche dans le périmètre… juste le plaisir de la lecture au bord de l’eau. Devant moi, un arbre, que grâce à ce livre, je regarde d’un autre œil.

Parce que voilà, pour Tobie Lolness, petit garçon qui mesure 1,5 millimètre, l’Arbre, c’est son monde. L’équivalent pour nous de notre planète. Donc je me dis que cet arbre devant moi grouille d’une vie insoupçonnable à mes yeux de meuf du XXIe siècle qui connaît tout au plus le nom de 3 variétés sans être capable de les distinguer l’une de l’autre…

Dans le monde de Tobie, il y a les gentils : ses parents, ses amis, et lui bien sûr ; et il y a le moche et méchant Jo Mitch : un exploitant peu scrupuleux prêt à dépecer l’Arbre qui le fait pourtant vivre afin de s’enrichir… Il voudra du mal à Tobie et sa famille, à cause d’un secret que le père du jeune garçon détient mais se garde bien de livrer aux gros lards (capitalistes) qui l’utiliseraient à mauvais escient. Une charmante métaphore, on ne peut plus actuelle !

Bien entendu, il y a aussi la belle Elisha, dont Tobie est amoureux et que ce sera pour la vie…

Un joli conte initiatique, topissime pour faire naître chez les ados qu’aiment lire l’âme de farouches écolos : parce qu’après avoir lu ça, qui voudrait ressembler au gros Jo Mitch ?

 

Prochaine lecture du côté des mioches : Le manoir, d’Evelyne Brisou-Pellen – conseil de la frangine !

 

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