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A la folire !
23 avril 2020

Les mioches, encore eux !

Oui parce que finalement, y’a de quoi faire du côté des mioches ! Fini le temps où le choix se limitait au Club des cinq, aux Six compagnons et au Clan des sept… avec Fantômette à la rescousse, bien sûr. Personnellement, j’ai eu du mal à passer à autre chose après Oui-oui et Jojo Lapin, je l’avoue… Trop durs aussi tous ces passés simples : heureusement qu’aujourd’hui ils les dégagent !

 Ah, si à l’époque il y avait eu John Green ou la saga Twilight, la donne aurait été différente… Peut-être aurais-je même fui Hélène et les garçons et ses décors de carton ?

Bref, trêve de digressions et roulements de tambour : nous entrons ici dans la catégorie des livres post-pubères ; attention, c’est plus le moment de déconner !

Revenons avec déférence sur les heures où Le soleil est pour toi, de Jandy Nelson a illuminé les jours sombres de ma rentrée 2017.

 

couverture du roman Oh my god !

Voilà ce que je me suis dit en le lisant, en cet été déclinant de la fin août. Il fallait bien ça pour digérer la rentrée.

La scène qui me revient cette fois, c’est ce gros bouquin dans mes mains, sur mon canapé, une vague de mauvaise conscience dans la tête et du boulot débordant sur mon bureau, me disant malgré tout : « m’en fous c’est trop bien ». Ce souci de finaliser la lecture de ce gros roman avait somme toute de réelles motivations professionnelles : je devais me rendre compte si, oui ou non, il pouvait prendre place parmi la liste des lectures à proposer à mes élèves…

Ce bouquin m’a donné l’impression de retrouver mes 15 ans dans toute leur intensité (ce qui fait un bond en arrière non négligeable, à y regarder les chiffres de plus près). Et ça, je le dois au personnage de Noah…

 

Noah et Jude

Ces deux jumeaux de 13 ans vivent en Californie. Lui n’est pas très à l’aise dans ses basques ; il sent naître en lui son homosexualité et se réfugie dans le dessin, pour lequel il a beaucoup de talent. Son rêve est d’intégrer l’école d’art à proximité de chez lui. Si j’avais été en cours avec lui, ça aurait été mon méga pote.

Elle, par contre, n’aurait probablement pas été ma copine, mais plutôt le genre de fille qui m’aurait rendue verte de jalousie : elle est belle, blonde, tellement populaire que même les mecs plus âgés qu’elle lui courent après… Elle aussi est artiste dans l’âme : en loucedé, elle réalise de merveilleuses sculptures sur sable.

Tout bien considéré, je crois que j’aurais planqué une poupée vaudou à son effigie…

Même s’ils sont très différents, ils s’adorent.

Mais on les retrouve bientôt à l’âge de 16 ans, où tout a changé : Noah est devenu plutôt populaire, et lisse, et ne dessine plus (mais il est toujours gentil alors on continue de l’aimer). Jude, elle, s’est coupé les cheveux, porte des vêtements très larges – bref, en bad total (sauf qu’elle n’arrive même pas à être moche et qu’on la déteste donc toujours, et plus encore). Jude a intégré l’école d’art, pas Noah. Et leur entente est brisée.

On sait qu’au cours de ces trois ans, quelque chose s’est passé, mais on ignore quoi… Et Jandy Nelson nous emporte pendant quelques 500 pages pour nous livrer la réponse.

 

Pourquoi c’est un livre méga dingue ?

Quelle puissance cache ce livre, pour m’avoir permis un tel saut temporel vers ma jeunesse envolée ?

Tout d’abord, c’est un roman qui tient vraiment en haleine ; alors même si la dernière centaine de pages traîne un peu en longueur, on lui pardonne à Jandy Nelson, et on continue à les avaler goulument parce que c’est un plaisir de rester en compagnie de ses personnages.

Et puis il y a une histoire d’amour, of course, même plusieurs, avec la plus belle scène de baiser qui soit (le substantif, ne vous enjaillez pas). Mais impossible d’en dire plus sans spoiler

Tout ça baigne dans un univers artistique qui ne gâche rien. Non pas l’art avec un grand A que l’on ne peut toucher qu’avec des gants, mais l’art viscéral, celui qui se pratique avec les tripes. C’est d’ailleurs le jour où il redevient lui-même que Noah fête aussi ses retrouvailles tonitruantes avec le dessin : « Je veux de la couleur, riche, vive, une couleur qui dit merde, une couleur qui dit ta gueule, une couleur qui dit allez tous vous faire foutre, j’en veux par seaux entiers. »

Mais ce que j’ai trouvé vraiment top, c’est la manière dont Jandy Nelson parvient à restituer le mal-être adolescent avec tellement de justesse. Démonstration à travers ce petit extrait choisi, dans lequel Noah évoque Brian, son nouveau voisin et « […] sa capacité à me faire mourir de rire comme si j’étais normal et bien dans ma peau, que j’avais des tonnes d’amis et que je savais à quel moment ponctuer mes phrases de « eh, mec » ou « mon frère ». »

 

Quant à savoir si je l’ai proposé cette année-là à mes élèves, la réponse est « non » puisque, même si le mot « baiser » faisait tout à l’heure référence au substantif, un glissement vers le verbe s’est opéré dans le roman (risque parfois induit par la catégorie post-pubère). Par les temps qui courent, la prudence est de mise.

 

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