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A la folire !
14 avril 2015

Mythos, le festival qui dépote !

Ce vendredi, j’ai rejoint ma copine Zickette à Rennes pour une journée au cœur du festival Mythos ; au programme, un voyage dans les tréfonds de l’âme humaine – et laissez-moi vous dire que tout ça, c’est pas joli joli… la face immergée de l’iceberg laisse entrapercevoir des trucs pas très clairs : l’amour certes, mais aussi l’adultère, le vice, la dépression profonde et la mort… tout ça donnant pourtant lieu à un très grand moment de réjouissance sous un ciel breton radieux (du moins au début) !

Pierre-Jean Etienne en tenue de combat

Ça a commencé sur un bateau

Sur la Péniche spectacle, à l’heure du déjeuner : place au Béhémoth show. Un (très) grand gars nommé Pierre-Jean Etienne, jurassien à l’accent à couper au couteau, s’est donné pour mission de faire œuvre sociale : il libère les petites foules de leurs vices cachés. Et à l’entendre, il en a, du boulot.

Sa technique ? Avec sa guitare pour bâton de shaman, il entre en contact avec le diable et défoule les viles passions latentes… suffisait d’y penser. Le rite s’effectue en plusieurs étapes, au cours desquelles il est ponctuellement pénétré de voix étranges – celles de Linda Lemay, Dany Brillant ou encore Georges Brassens.

Dans la péniche qui se dore au soleil, l’ambiance surchauffée a quelque-chose de dantesque... La mayonnaise prend mais ne vire pas ; le public en ressort léger, un large sourire aux lèvres.

 

Alexis HK chantant Brassens

Ça s’est poursuivi sous un chapiteau

Un pique-nique sur les bords de la Vilaine, un petit café en ville, le tout rempli de tous les trucs hyper importants qu’on a à se raconter… 18h arrive très vite, l’heure d’assister au spectacle suivant. Nous voici au parc du Thabor, sous le chapiteau du Cabaret botanique devant Alexis HK interprétant Georges et moi.

Le jeune homme (qui se dit déjà vieux) rend un bel hommage à l’artiste qui l’a fortement inspiré – lui, l’enfant déprimé que la chanson Fernande sort de la tristesse. Au-delà de la reprise de quelques chansons de son choix – 95 %, misogynie à part, trompettes de la renommée, quand on est con… – il s’adresse à Brassens pour lui conter les évolutions du monde depuis son départ sur l’autre rive. A l’irrévérence du chanteur moustachu, il ajoute ses pointes d’humour bien senties comme lors de la petite explication de texte qu’il nous livre sur la chanson La fessée.

Comme le chanteur qu’il admire, il ne mâche pas ses mots – et nous, on poursuit sur notre lancée de la bonne humeur. Mythos, on kiffe !

 

Pour finir en apothéose, entre ange & démon

Non, le dernier spectacle auquel nous avons assisté n’était pas une lecture d’un best-seller de Dan Brown. Il s’agissait d’une lecture musicale intitulée Et vivre était sublime, menée par deux interprètes : Nicolas Rey à la lecture de textes choisis, et Mathieu Saïkaly à la guitare.

Par contre oui, il y avait là-dedans quelque-chose de l’ange et du démon. L’ange, tout d’abord : le petit Mathieu, gagnant de la Nouvelle star 2014 (bah ouais, je regarde, et j’assume). Avec ses grands yeux bleus assortis à sa chemise et son large sourire candide, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Ne lui manquent que les grandes ailes blanches et l’auréole au-dessus de ses cheveux ébouriffés pour faire un parfait hôte d’accueil aux admissions du paradis.

Autour de lui rôde un démon : Nicolas Rey, cheveux gris, chemise noire, mains fiévreuses et sourire cynique. Mais rassurez-vous, la douceur de la voix de l’un et les textes détonants restitués par l’autre forment un cocktail gagnant… démonstration !

un décor magiqueSous le chapiteau du Cabaret botanique, le temps s’arrête désormais. Au centre de la salle, un décor des plus simples : deux chaises se font face, séparées par une table ; les spectateurs sont disposés en cercle tout autour. Au-dessus, les boules à facettes sur fond de toile rouge ajoutent à la magie du moment.

Ça commence plutôt doucement – des personnages amoureux en manque de confiance luttent pour décrocher leur petite ration de paradis… La douce voix de Mathieu entonnant des chansons légères ponctue la lecture de Nicolas. On sent bien que dehors, le soleil s’en est allé pour laisser place au vent et à la pluie – mais on s’en fout, on est là, avec eux, comme au coin du feu.

Viennent ensuite les conseils aux maris qui trompent leur femme ; et puis subitement, ça dérape avec la description de « l’envie de baiser ». La soirée monte d’un cran dans l’humour et le trash sans jamais lâcher la poésie. Une certaine Olive met bientôt le feu et donne l’occasion à un narrateur de deviser sur les techniques adaptées à la réussite d’un rapport sexuel, avant de tester le fossé qui sépare la théorie de la pratique ; c’est tellement drôle qu’on en pleure de rire. Mais Nicolas ne nous laisse pas repartir comme ça ; il calme le jeu en lisant un texte évoquant… la tristesse face à la mort.

Nicolas Rey joue de son inquiétante étrangeté et lâche ses citations décapantes dans un fin sourire, tandis que la musique de Mathieu fait passer la pilule. Une chose est sûre, ces deux-là ont bien fait de se trouver. Le jeune homme parviendra-t-il à mener vers le bleu son aîné obscur et torturé, pour reprendre les mots de monsieur Dominique A ? Si les textes oscillent entre spleen et idéal, toujours est-il que la balance penche vers une étincelle de lumière : quoi qu’il arrive, nous concèdent-ils à la fin, faut pas s’inquiéter, ça va bien se passer…

Malgré mes attentes très élevées vis-à-vis de cette lecture musicale, la soirée était encore meilleure que je ne l’aurais imaginée : c’est un fait, Nicolas et Mathieu sont des gars qui assurent ! Un moment rock’n roll qui nous met dans une disposition d’esprit euphorique, pas tout à fait à même de nous rendre réceptives à la subtilité éthérée du concert de Yaël Naïm qui suit…

L'obscur Nicolas sous les projecteurs, le petit Mathieu entre les têtes des autres gens

 

 

Et avec tout ça, que de questions en germe dans nos esprits : sous nos dehors civilisés, sommes-nous tous des raclures ? Pour être un brin génial, faut-il être un poil dépressif ? Vous discuterez et analyserez ces problématiques en vous appuyant sur des exemples de votre choix. Vous avez 4 heures.

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