Quand Teddy rencontre Franky

Tempête sur un crâne

Comme un champ de blé à la Van Gogh, la chevelure de Teddy semble victime d’une agitation difficile à maîtriser… mais faut les comprendre, ces pauvres cheveux ; c’est pas facile tous les jours d’habiter sur un crâne pareil ! Sous leurs racines, à quelques centimètres de là, ça réfléchit, ça cogite, ça remue… alors comment rester en ordre de bataille dans de telles conditions ?

Quand on voit le résultat, on se dit que ça en valait la peine : de toute cette agitation naissent des photos pleines de sensibilité, de subtilité et parfois d’humour ! La preuve en images…

Demander à Teddy de me parler de son livre préféré m’a permis de lui découvrir un autre incroyable talent : celui de raconteur d’histoires ! Détails des péripéties, suspens et rebondissements, tout y était…

Des conséquences d’une météo pourrie

Vous en avez « marre de ce temps minable » ? Et bien sachez que la pluie qui gâche les vacances, c’est pas d’aujourd’hui : en 1818, aux alentours de Genève, un petit groupe de poètes anglais s’est vu contraint d’abandonner ses espoirs de balades au grand air pour cause de météo défavorable. A l’époque, Time’s up n’avait pas encore fait son apparition et le groupe en question se la jouait un peu intello (il faut dire qu’il comptait notamment la présence de Monsieur Lord Byron himself, chef de file du mouvement romantique, rien que ça…) ; alors ils se sont lancés un défi : si on écrivait chacun une histoire de fantôme ? Le résultat le plus célèbre et le plus abouti est le roman de la jeune Mary Shelley : Frankenstein ou le Prométhée moderne, livre favori de notre ami Teddy.

La vraie histoire de Frankenstein

Tout d’abord, grâce à Teddy, plusieurs d’entre nous se coucheront moins bêtes : Frankenstein n’est pas le nom du monstre, mais celui de son créateur, qui répond au doux prénom de Victor.

Tout le monde pense connaître l’histoire de Frankenstein, mais que dit vraiment le roman de Mary Shelley ?

Au commencement était un capitaine de navire parti en expédition dans le grand Nord, écrivant une lettre à sa sœur... Dans cet environnement hostile, le navire croise la route d’un Victor Frankenstein en piètre état, auquel l’équipage porte secours.

La parole est laissée au malade qui tente de prévenir le capitaine des dangers d’une ambition trop grande… et voilà Victor qui raconte sa vie depuis son plus jeune âge jusqu’au moment présent !

Une enfance heureuse à Genève dans une famille aimante et un cadre de vie rêvé, puis survient le décès de sa mère, son départ pour les études et sa découverte des sciences naturelles pour lesquelles il développe un talent hors du commun. Sa passion lui fait bientôt perdre la raison : il se met à ramasser des bouts de morts pour les assembler et donner vie à une créature hideuse… c’est ainsi que le monstre voit le jour et que la vie de Victor bascule du côté obscur !

Les tourments de Victor et de son monstre

A cause de cette créature, l’existence de Victor ne sera plus que fuite et poursuite, colère et angoisse, malheurs qui se répandent à tout son entourage… Tous ces tourments ont retourné le cœur de Teddy et troublé, une nouvelle fois, l’ordre de ses cheveux.

Parce qu’il ne faut pas croire, les choses ne sont pas si simples : qui est le gentil, qui est le méchant, pas facile à dire ! En effet, le créateur et sa création sont étroitement liés par un destin tragique : comme un vieux couple qui se pourrit la vie, ils se haïssent, se font du mal, mais ne peuvent exister l’un sans l’autre. Sauf que le roman est écrit au XIX^e siècle, et qu’à l’époque, on ne souffre pas qu’à moitié. Cette terreur à la fois douce et fascinante a emporté Teddy dans sa vague gothique et romantique... tout ça renforcé par le contraste entre la beauté des paysages qui entourent Victor et la mélancolie qui l’empêche d’y goûter !

Son passage préféré, c’est celui où le monstre prend la parole pour plaider sa cause : celui qu’on croit coupable de tous les maux n’est en fait que la victime du rejet que lui opposent les hommes, Victor en tête. Cette injustice vécue par le monstre du fait de sa différence, et bah Teddy, ça lui fait mal !

La rencontre de Teddy et Victor

C’est dans la bibliothèque des parents de sa petite amie que Teddy a dégoté l’ouvrage et s’en est saisi avec avidité ! Il faut dire qu’il a un certain penchant pour les romans gothiques, au vu des titres qu’il énumère : Melmoth, l’homme errant de Maturin, le Moine de Lewis, le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde… une dimension surnaturelle, un décor de châteaux et de vieilles pierres, des héros poursuivis par les mystères du passé… et Teddy embarque volontiers pour un voyage au pays de la peur onirique !

Mais n’allez pas croire que Teddy soit le lecteur d’un seul genre ! Parmi la pile de livres dont il aime s’entourer, il y a bien d’autres choses : un Kundera, un Dostoïevski, des livres sur la peinture empruntés à la bibliothèque du coin, des BD, et des gros livres sur les oiseaux, aussi… c’est que nourrir une inspiration de photographe, ça se travaille !

Teddy L., un lecteur qui aime la peur lorsqu’elle s’habille de poésie !